Bonjour, je suis de la section de Reims, je suis membre de PSC.
Depuis bientôt deux siècles, l’État français s’est emparé d’un territoire éloigné, a asservi par la violence un peuple qui ne lui avait rien demandé. Il y a peu, son Conseil d’État prétendait que les colons doivent avoir les mêmes droits que le peuple autochtone à se prononcer sur l’avenir de la Kanaky (26 décembre 2023). Aujourd’hui, son gouvernement réprime à grande échelle le soulèvement provoqué par la colonisation et son champion actuel, Macron.
Nous devons, en tant que syndicats, nous prononcer sur les événements majeurs de notre. Les événements récents en Kanaky en sont un.
Le 13 mai, alors que le projet de loi constitutionnelle visant à « dégeler » le corps électoral est discuté au parlement français, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) coordonnée par le FNKS-UC appelle à des marches et des blocages de routes. La gendarmerie est aussitôt envoyée pour les réprimer, ce qui exacerbe les tensions. Les affrontements se généralisent dans l’agglomération de Nouméa. Il dégénère, les déclassés et les délinquants pillent et détruisent.
De jeunes Kanaks urbains qui n’ont rien à perdre sont mobilisés. Souvent sortis du système scolaire sans diplôme et sans perspective, ils en sont venus à se surnommer eux-mêmes les « cafards ». Alors que la situation est toujours hors de contrôle, des manifestants de la CCAT se démènent sur le terrain pour tenter de les ramener à la raison. Le 14 mai, les émeutes se poursuivent et amènent à des affrontements armés : 3 personnes meurent et 300 sont blessées. L’enseignement ne fonctionne plus, les hôpitaux sont entravés. Non seulement l’économie est temporairement paralysée, mais les déclassés en détruisent la base matérielle.
Le 15 mai, l’Assemblée nationale française adopte le projet, ce qui est considéré par la masse des Kanaks comme une provocation. E. Macron ne soumettra le texte au Congrès que si « les deux camps » s’accordent sur un projet commun. Le même jour, le gouvernement Attal décrète l’état d’urgence, il impose un couvre-feu, interdit la vente d’alcool et l’usage du réseau social TikTok, il charge l’armée de contrôler les infrastructures, il envoie par centaines des gendarmes mobiles et des CRS, plus des gendarmes du GIGN et des policiers du RAID. Au total, il y aurait 3 000 membres des forces de répression françaises pour moins de 270 000 habitants.
Le 16 mai, Darmanin taxe le CCAT de « voyous » et « mafieux », il accuse l’Azerbaïdjan « d’ingérence », comme si cet État avait créé le mécontentement des masses. Les blocages mais aussi les vols et les saccages se poursuivent. 400 sites commerciaux ou industriels seraient anéantis. La pénurie alimentaire menace. Le bilan humain s’alourdit : officiellement 7 morts directes plus des victimes indirectes du manque de soins de santé. Il est fort possible qu’il y ait plus de Kanaks tués ou blessés que ce que reconnait l’État français.
Le 18 mai, le FLNKS lance un « appel au calme ». Il se félicite que « le président de la république propose aujourd’hui de ne pas convoquer tout de suite le Congrès de Versailles afin de donner une chance au dialogue et au consensus ». Le FLNKS demande à l’État français de « réunir les conditions pour un dialogue apaisé et serein ».
Le 23 mai, le président français se rend quelques heures sur place. Il convoque les différentes composantes du FLNKS qui acceptent toutes de le rencontrer, sans exiger au préalable le retrait du projet de loi qui a déclenché les émeutes. Le seul engagement du chef de l’impérialisme français est d’accorder un délai de quelques semaines afin de « reprendre le dialogue » quand l’ordre sera rétabli.
Le 25 mai, le FLNKS se plaint de « la fin de l’impartialité de l’État », comme s’il avait jamais été neutre. Il se félicite « que le sujet de l’avenir institutionnel de Kanaky Nouvelle-Calédonie est enfin traité directement par le président Macron avec tout le sérieux et l’engagement que cela implique ».
Les travailleurs de France doivent manifester leur solidarité avec ceux de Nouvelle-Calédonie et avec le peuple opprimé par leur propre État.
Le mouvement ouvrier français, syndicats et partis, doit se prononcer sans aucune réserve pour le départ des forces de répression coloniales, pour l’indépendance de la Kanaky. C’est le seul internationalisme qui vaille.
Face à la négation du droit à l’indépendance et à la répression, le congrès du SNESup doit se prononcer en urgence pour :
- Dehors, la police et l’armée françaises !
- Rétablissement des libertés démocratiques, dont le droit de se déplacer et de manifester !
- Démantèlement immédiat des bandes armées colonialistes et racistes !
- Retrait du projet de loi constitutionnelle française !
- Restitution des terres aux Mélanésiens ! Référendum de la population originaire de l’Océanie (Mélanésiens, Polynésiens, métis…) pour décider !
- Kanaky démocratique, laïque, avec les mêmes droits pour tous ceux qui veulent y vivre !
Le congrès doit s’adresser à toutes les organisations syndicales et politiques issues du mouvement ouvrier de France pour qu’elles reprennent ensemble cette position.
Si la question est aujourd’hui l’urgence première, PSC ne se situe pas aux côtés de la bourgeoisie kanak. PSC se situe aux côtés des travailleurs en Kanaky. C’est à la classe ouvrière de prendre la tête de tous les exploités et opprimés. PSC se prononce donc pour :
- Assemblées générales dans les entreprises, les administrations, les lieux d’étude, les quartiers pour discuter, décider, se coordonner, se centraliser !
- Autodéfense des travailleurs contre les forces de répression françaises, les bandes armées des colons, les réseaux mafieux !
- Création de syndicats unifiés indépendants de l’État français, des provinces et du FLNKS, défendant les intérêts des femmes comme des hommes, des Kanaks comme des autres ethnies !