Commission administrative du SNESup-FSU, 9 octobre 2025

La bureaucratie veut un nouveau ministre bourgeois pour négocier

La commission administrative (CA) du SNESup-FSU s’est tenue au moment où le gouvernement Lecornu I était démissionnaire. Dès le début de la CA, le secrétaire général Emmanuel de Lescure (Action syndicale) donne le ton : il ne faut pas affronter Macron, il faut un nouveau ministre pour se concerter avec lui. Pour le gouvernement, le dialogue social est une nécessité absolue. Sans la collaboration des directions syndicales, le premier ministre Lecornu sait qu’il lui sera difficile de légitimer le débat et d’établir un socle commun, notamment avec le PS. La direction du SNESup-FSU établit donc son plan pour empêcher l’affrontement avec le futur gouvernement : le dialogue social, le renvoi aux conseils de cogestion des universités, les journées d’action et l’attente des prochaines élections.

La tendance Ecole Emancipée (ÉE) par la voix d’un de ses dirigeants appelle de ses vœux à un gouvernement de front populaire. C’est la version « gauche » de ce que veut la tendance Action syndicale. Un gouvernement de front populaire était peu probable, et n’est de toute façon qu’un replâtrage de la république bourgeoise. Les partis d’origine ouvrière mais défendant un programme bourgeois n’ont jamais remis en cause dans son entièreté le projet de budget, appeler à annuler la dette capitaliste, à supprimer les financements à l’armée, à la police et aux armateurs. Le PS s’est rangé derrière Lecornu et n’a pas voté la censure. Le PCF n’appelle qu’à respecter le débat parlementaire. LFI, Mélenchon en tête, ne vise que la présidentielle. Le sauveur suprême, grand soutien de Dassault, une fois élu mettrait en place une 6e république… bourgeoise.

Une fois que les dirigeants ont parlé, il n’y avait plus rien à dire. La discussion s’est concentrée uniquement sur des problèmes locaux, pourtant tous des conséquences des lois de privatisation, des budgets d’austérité précédents. Toutes ces discussions ont mené à une conclusion : aller dans les conseils d’administration, voter contre les projets de budget des universités. Tout travailleur sait très bien qu’aucun vote contre n’a jamais empêché la privatisation, la réduction des postes, le financement des formations des patrons locaux… Au contraire, dès que le vote a lieu, les projets du gouvernement et des présidents d’université s’en trouvent toujours légitimés et à terme adoptés sous une forme ou sous une autre.

Seuls les membres de Pour un syndicalisme de combat (PSC) ont porté la nécessité de dresser les travailleurs contre le futur gouvernement (maintenant Lecornu II). Nous avons porté un objectif clair : affronter le gouvernement et gagner le retrait des projets de budget ! Nous avons porté l’exigence que les directions syndicales cessent toute concertation avec Lecornu, qu’elles cessent les journées d’action qui protègent le gouvernement et font perdre inutilement des journées de salaire aux travailleurs. Le rôle des syndicats n’est pas de légitimer le débat sur un projet de budget dont il faut le retrait complet. Le rôle des syndicats est de dresser la perspective de la grève générale contre tout gouvernement bourgeois.

Les dirigeants syndicaux prétendent qu’ils combattent le « danger de l’extrême-droite ». Mais en protégeant la 5e république, en soutenant le gouvernement, en renvoyant au parlementarisme, ils ne font que préparer l’élection du RN à la tête de l’Etat. A l’inverse, les élus PSC ont défendu la perspective d’un gouvernement des travailleurs, qui émanent de leurs propres organes (AG, comités, coordination nationale…).

Action syndicale interdit la démocratie syndicale

Hormis PSC, toutes les tendances (AS, ÉE, Agir-PSL) ont coécrit l’appel de la CA. Cet appel n’appelle pas au retrait des projets de budget, mais à discuter d’un autre budget. Le but est exactement ce que veut Lecornu : avoir l’aval « démocratique » des syndicats pour permettre l’adoption du budget nécessaire pour la classe capitaliste. Il n’appelle à aucun combat contre le gouvernement mais à remonter les situations locales. Enfin, il appelle à participer au bal des journées d’action à commencer par le 6 novembre pour les seuls retraités.

Seul PSC a voté contre cet appel qui prépare la défaite et permet au gouvernement de se maintenir. Agir-PSL s’est abstenue après avoir participé à son élaboration. Lorsque PSC a voulu présenter des motions pour arrêter le génocide à Gaza, ou contre la répression que subissent des camarades de Reims, la direction a interdit leur débat et leur vote. AS prétend qu’il n’y a aucune différence entre une motion (d’une tendance révolutionnaire) et l’appel de la CA. Elle reproche à PSC en votant contre leur appel de ne pas faire l’unité. Mais, PSC ne peut réaliser l’unité sur un appel qui soutient la politique du gouvernement. Les arguments purement bureaucratiques employés ne cachent pas un fait : la tendance Action syndicale veut interdire toute opposition dans les instances du syndicats. AS interdit depuis des années les votes de motion dans la CA. La CA qui est théoriquement le parlement du syndicat entre deux congrès, élue par les congressistes, doit se soumettre au bureau national, qui est composé en grande partie de ceux qui mangent dans les salons du ministère ou des présidences d’université.

AS interdit tout simplement que la voix qui défend les intérêts des travailleurs puissent s’exprimer dans le syndicat. Derrière la question démocratique, ce qui se joue c’est que les intérêts des travailleurs puissent s’exprimer contre ceux qui protègent le gouvernement et intègrent de plus en plus le syndicat dans la cogestion et les dispositifs étatiques. C’est vrai pour PSC, cela a aussi été vrai lors du congrès de 2024 où un camarade de ÉE défendait très justement la nécessité pour le syndicat d’organiser l’autodéfense contre les flics et les bandes de fachos.

Plusieurs membres de la CA (ÉE, Agir-PSL, PSC) ont demandé à ce que la démocratie syndicale s’appliquent, que les motions puissent être discutées et votées. Elles ne l’ont pas été. PSC proposera une motion commune à ces tendances, aux sections, aux militants pour que la démocratie existe au sein du syndicat. Expression libre des tendances ! Votes des textes de toutes les tendances, groupes de syndiqués et sections ! Transmission de toutes les positions aux syndiqués !

Combattre tout gouvernement bourgeois, pour un gouvernement des travailleurs !

Au terme de la CA, des bureaucrates d’AS ont demandé, par provocation, pourquoi PSC appartenait au SNESup-FSU. Ce n’est pas aux bureaucrates que nous répondons mais aux travailleurs. Dans les syndicats, il faut une tendance intersyndicale lutte de classe, qui combat pour que les syndicats appartiennent aux travailleuses et aux travailleurs et dressent le combat contre tout gouvernement bourgeois, contre l’Etat bourgeois.

Souvent, les militants PSC entendent leurs collègues, qui ont subi les défaites et les trahisons des appareils syndicaux et des réformistes, dire que les syndicats sont pourris. En France, les syndicats sont de plus en plus intégrés à l’Etat par leurs directions, mais elles restent les organisations des travailleurs. Il faut donc combattre en leur sein pour que ces organisations soient à notre service. Il faut combattre toute participation des conseils d’université jusqu’aux bureaux des ministères. Il faut se battre pour qu’elles préparent, au contact des travailleurs et en appelant aux AG, à la grève générale contre tout gouvernement bourgeois, qu’elles organisent l’autodéfense face aux flics du capital. Il faut que les travailleurs présents et futurs combattent pour un gouvernement sous leur contrôle. PSC veut se construire comme la tendance avec ces objectifs.

Les militants PSC combattent donc dans les syndicats, sur les lieux de travail et d’études, partout où les travailleurs et les jeunes s’organisent. Notre présence à la CA du SNESup-FSU permet à ce que les intérêts des travailleurs s’expriment. Elle permet également aux militants, aux travailleurs de voir ce qu’il se passe réellement dans les instances syndicales mais aussi qu’une tendance se construit pour combattre dans le sens de leurs intérêts.

Il est possible de déborder les vieux appareils si les travailleurs s’organisent et prennent conscience réellement de la politique des vieilles directions.

Rejoignez PSC, construisons cette tendance intersyndicale lutte de classe !

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