La première commission administrative de la mandature 2025-2027 s’est déroulée ce jeudi 5 juillet au siège du SNESup-FSU à Paris. Elle se tenait alors que le gouvernement présentait au CSE un projet de loi de « Modernisation et régulation de l’enseignement supérieur », qui sera également soumis au CNESER le 8 juillet. Ce projet donne plus de poids à l’HCERES, un outil de collaboration de classe dont les membres sont nommés par les gouvernements. Il ouvre la possibilité aux établissements privés de délivrer des grades et titres universitaires. Il renforce le rôle des recteurs dans la nomination de directeurs d’école, dans l’ouverture et la fermeture de formation. Il prolonge la période d’expérimentation des EPE, pour qu’un plus grand nombre d’universités se transforment en ces « universités-entreprises ».
La CA refuse d’organiser le combat central contre le gouvernement et ses projets
La matinée était consacrée au débat général et aux perspectives de mobilisation nationale. Tout travailleur est en droit d’attendre que l’instance nationale d’un syndicat discute de la situation politique et dresse les perspectives centrales face aux attaques du gouvernement et de la bourgeoisie. A l’inverse de cela, la majorité des interventions se sont concentrées à dépeindre les situations locales. La direction peut donc noter que partout les expérimentations (EPE, acte II, COMP 100 %…) sont une avancée significative dans la privatisation des établissements publics, dans la casse des statuts des travailleurs et contre le droit aux études. On peut également noter que partout les dirigeants syndicaux discutent, négocient à la marge, les projets contre les travailleurs et les étudiants dans toutes les instances de participation (CNESER, CSA…) et de cogestion (CA, CFVU…). Ce que ne disent pas les chefs syndicaux, c’est que pour combattre les expérimentations c’est un combat national contre le gouvernement qu’il faut organiser, il faut donc quitter les instances de participation et de cogestion et dresser la perspective de la grève générale.
Il faut dire la vérité aux travailleurs, les chefs syndicaux sont parfaitement conscients de ces nécessités pour les travailleurs et les combattent. Le secrétaire général dans son rapport d’introduction proposait d’empêcher que le quorum du CNESER soit atteint pour que le projet de loi ne puisse pas être présenté. Plusieurs interventions ont souligné que rien ne peut être gagné au CNESER ou dans les CA. Entre eux, ils peuvent se dire la vérité mais face aux travailleurs, il faut prétendre qu’on gagne des « victoires » pour maintenir leurs sièges. Une intervention a souligné que la perspective politique qu’il faut dresser c’est que la rentrée ne doit pas se tenir. Le seul moyen qu’elle ne se tienne pas est que la grève générale des travailleurs de l’ESR soit appelée mais de cela il est hors de question d’en parler. Pour autant, dans l’appel de la CA, cela a même été remplacé par « la rentrée ne peut pas se tenir , simple constat, qui sera le plus probablement faux.
Bien évidemment, les chefs syndicaux iront le plus probablement discuter du projet de loi. Un rappel à l’ordre a été fait, notamment par l’ex-secrétaire générale. Il a été dit que ce n’est pas à la CA de décider si les élus au CNESER se rendront à la réunion de l’instance mais aux concernés eux-mêmes. Il a été ensuite expliqué que si cela n’apparait pas publiquement dans l’appel de la CA, c’est pour que le gouvernement ne soit pas au courant… En CA, la direction nationale et sa tendance AS assument pleinement d’être un appareil bureaucratique au service de la bourgeoisie. Et même s’ils ne se rendent pas à ce CNESER, ils préparent le terrain pour être intégrés à la concertation. Dans l’appel de la CA, ce qui inquiète réellement la tendance AS, et les autres (EE-PSO, AGIR-PSL) qui ont voté pour, c’est que :
Cette tentative de passage en force [le dépôt du projet de loi « modernisation »], sans concertation ni débat, vise à museler toute contestation. (Appel de la CA du SNESup-FSU, 3 juillet 2025)
L’absence de concertation et de « débat » avec le gouvernement ne musèle pas la contestation. C’est précisément l’inverse. La concertation et le « débat » avec l’ennemi de classe est précisément ce qui musèle la contestation. Nos lecteurs peuvent lire le compte-rendu du congrès du SNESup-FSU de 2025 sur notre site pour en avoir une démonstration.
A l’opposé de la ligne des dirigeants syndicaux, l’intervention principale faite par PSC dans cette CA a porté sur la nécessité d’exiger le retrait du projet de loi « modernisation », l’annulation de toutes les expérimentations (EPE, acte II, COMP100 %…) et de tous les COMP, ainsi que le retrait de tous les projets de privatisation et de liquidation des statuts nationaux. Pour cela, PSC a soumis à la CA la nécessité de refuser toute concertation sur le projet de loi « modernisation », de quitter les instances de participation et de cogestion et d’appeler aux assemblées générales, aux coordinations régionales et nationale et de préparer la grève générale. La même intervention revenait sur le génocide en Palestine et la nécessité que les organisations du mouvement ouvrier, partis et syndicats, appellent à la généralisation de l’initiative des dockers de Fos et Gênes de boycott des livraisons d’armes vers Israël. Dans la suite logique de ces interventions, PSC a proposé deux motions :
- Aucune concertation, retrait pur et simple du projet de loi « Modernisation » !
- Pour arrêter le génocide à Gaza : généralisons l’action des dockers de Fos-sur-mer !
Au final, PSC aura été la seule tendance à s’opposer à la ligne de la direction et à voter contre l’appel de la CA. Le résultat du vote sur cet appel est le suivant 37 pour, 2 contre, 1 abstention.
Conflits entre appareils et interdiction de la démocratie
Le fait essentiel de l’après-midi aura été le conflit entre les trois tendances AS, EE-PSO et AGIR-PSL sur la répartition des responsabilités de secteur. Les secteurs sont des émanations de la CA pour travailler sur des sujets spécifiques (recherche, personnels, formation…). Puisqu’ils émanent de la CA où AS est majoritaire, l’orientation dans ces secteurs ne peut pas être différente de celle de la majorité. Prendre des responsabilités de secteurs revient nécessairement à cautionner la ligne de la direction.
Le secrétaire général a fait une proposition à partir de discussions avec les tendances EE-PSO et AGIR-PSL. Ces dernières n’étaient pas satisfaites de leur part du gâteau. AS a interdit tout vote d’une autre proposition que celle que le secrétaire général présentait. Cela est d’ailleurs constamment le cas sur toute proposition quel que soit le sujet. Alors que la CA émane du congrès et que le BN applique les décisions de la CA. La CA est devenue la chambre d’enregistrement du BN, lui-même véritable antichambre du ministère.
Dans ce débat, PSC n’est intervenue que sur le terrain de la démocratie dans le syndicat. En aucun cas, PSC demanderait une position dans des secteurs et commissions, dont les positions seront nécessairement contraires aux intérêts des travailleurs. En revanche, quand un syndiqué ou une syndiquée tient à présenter sa candidature à une fonction syndicale, il est normal que cette candidature soit soumise à la discussion et au vote.
Insatisfaits, EE-PSO et AGIR-PSL ont quitté la CA. PSC a déjà quitté des instances mais seulement quand la démocratie a été complètement interdite comme cela a été entériné au dernier congrès par un vote. A ce moment-là, cela n’avait pas gêné une majorité d’EE-PSO de voter pour l’interdiction de la démocratie. Quitter une instance syndicale pour un conflit d’appareils montre la déconnexion de ces tendances avec les travailleurs. PSC est restée pour porter ses positions, en défense des travailleurs.
AS a interdit le vote des deux motions présentées à cette CA. PSC a défendu la démocratie syndicale contre la direction qui assume qu’aucune motion ne peut être discutée, votée et que tout doit être intégré dans leur texte.
Face aux aristocrates syndicaux des salons bourgeois, PSC porte une ligne lutte de classes !
Les grands absents des discussions de cette CA auront été les travailleurs de l’ESR et les étudiants. La direction nationale, véritable aristocratie qui vit dans les salons du ministère et de la cogestion des conseils d’administration d’université (dont des postes de présidents), veut non seulement conserver ses postes mais sont par avance défaitistes. Lors d’une discussion sur les COMP 100 %, il fallait espérer que cela ne passe pas mais déjà préparer les recours dans les tribunaux administratifs. Les tendances EE-PSO et AGIR-PSL, malgré des discussions parfois sincères avec certains militants ne sont que des satellites de la direction.
Nous, militants à PSC ne nous distinguons pas des autres travailleurs. Nous exprimons consciemment dans les AG, dans les sections, dans les congrès, dans les instances syndicales, les nécessités pour l’ensemble des travailleurs. Nous ne vivons pas dans les salons de la bourgeoisie et affirmons dans notre plateforme que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
Nos motions proposaient que les travailleurs puissent combattre les attaques de la bourgeoisie contre l’ESR et le génocide à Gaza et frapper « Tous ensemble » le gouvernement français et les capitalistes. C’est une nécessité urgente. Nous l’avons proposé non seulement en CA mais nous adressons ces motions à l’ensemble des travailleurs comme à l’ensemble des directions des organisations du mouvement ouvrier. En aucun cas, si l’unité devait exister, cela constituerait une caution de la politique de ces dernières. Nous continuerions à dire la vérité aux travailleurs, à critiquer leur ligne et à construire une tendance lutte de classes au sein des syndicats. Mais les dirigeants du SNESup-FSU ont refusé pour poursuivre la collaboration avec le gouvernement. Que les collègues puissent concrètement en tirer des conclusions.
Au sein de la CA, seule une tendance intersyndicale lutte de classe défendra les intérêts des travailleuses et des travailleurs (en particulier des précaires), l’indépendance des syndicats vis-à-vis de l’Etat bourgeois pour qu’ils soient au service des travailleurs et la démocratie dans nos organisations ! C’est ce que feront les militants PSC. C’est cette tendance qu’il faut continuer à construire pour ne pas laisser les syndicats entre les mains des représentants de la bourgeoisie, leur disputer la direction, pour que nos organisations soient de nouveau à notre service !
Les élus PSC de la CA